Internet: Touché en direct par le réchauffement climatique…

Internet: Touché en direct par le réchauffement climatique…

Hier soir, il semble que nous avions été indirectement touché par le réchauffement climatique… non pas de la planète mais de la salle des serveurs où notre serveur est stocké. Cela a provoqué de grands dysfonctionnements chez notre hébergeur sur des centaines de sites dont le notre (pendant environ 3 heures, information que nous avons pu relayé sur notre twitter @toutallantvert).

Tout cela à cause de quoi: « une panne de climatisation« … De ce fait la boutique ainsi que le blog ont été inaccessibles à nos visiteurs et clients.

Retour sur cette histoire qui met en évidence l’impact énergétique qu’a l’informatique. Et grands questionnements autour d’une histoire qui peut sembler banal.


Voilà, grâce à notre hébergeur un retour détaillé sur le problème (situation de crise)… oufff…on a eu chaud mais tellement métaphorique du « réchauffement climatique » que nous vivons (avec une « happy end »).

Un premier groupe de clim est tombé en panne à 18:00 provoquant l’intervention des personnels du datacenter. A 20:00 les deux groupes secondaires sont tombés à leur tour en panne privant la salle de toute climatisation.

A 20:20 les équipes de l’hebergeur ont constaté les premiers dysfonctionnements sur leur réseau, en effet la température augmentant rapidement le switch […], support de notre backbone, est passé en mode dégradé en désactivant [la moitié des cartes réseaux en place].

En parallèle les baies de disques utilisées pour nos infrastructures mutualisées et pour les serveurs virtuels ont commencé à émettre des alertes annonçant une température de 49°C puis de 51°C quelques minutes plus tard.

A 21:20 un premier technicien de l’hebergeur était sur place pour constater une température anormale (45°C).

De 21:20 à 22:50 une centaine de serveurs se sont arrêtés progressivement du fait de la température trop élevée. A partir de 22:50 les groupes de climatisations sont à nouveaux entrés en fonction.

A partir de 23:00 le backbone hebergeur était à nouveau opérationnel et les serveurs qui ne s’étaient pas spontanément arrêtés étaient accessibles depuis internet.

De 23:00 à 23:30 tous les serveurs ont été redémarrés, ceux présentant un dysfonctionnement (principalement des alimentations électriques grillées par la chaleur) ont été réparés.

De 23:30 à 01:30 les clusters mutualisés ont été remis en fonction, depuis 01:30 les serveurs virtuels sont redémarrés un par un.

Saurons-nous agir assez vite pour prendre conscience du problème et le régler, comme l’ont fait les techniciens de l’hébergeur et du datacenter? Eux ont la chance d’être des professionnels et de régulièrement faire face à ce genre de situation. Par rapport au réchauffement climatique, malheureusement collectivement, nous ne disposons pas d’une expérience sur ce sujet, ce sera la première expérience et il n’y aura pas certainement une deuxième chance ou une assurance pour nous couvrir. En effet ,il y a un seuil à ne pas atteindre, un point d’irreversibilité et au delà de ce point, ce sera totale grande surprise et saut dans l’inconnu climatique.

Cela met en évidence selon nous plusieurs points:

1°) D’abord, après ce genre de crises, c’est là que se rend compte de la fragilité de nos modes de vie. lci, la disponibilité des serveurs internet repose donc sur une bonne alimentation électrique et une bonne température de fonctionnement (climatisation)… bref on dirait rien comme cela mais ceux qui ont déja vécu des moments de « coupure électrique » dans tout un quartier/ville… comprendront donc que nos modes de vie ne tiennent parfois à ce rien. Internet = nécessité d’énergie pour alimentation et climatisation. Donc si les serveurs ne sont plus alimentés, il n’y a plus (ou moins) de sites internet disponibles dans le monde…

2°) Ensuite, c’est là qu’on réalise que stocker et distribuer de l’information sous forme électronique n’est pas aussi neutre que on le pense: salle de climatisation, serveurs qui chauffent, alimentations qui grillent, … remplacement des disques/baies quand ils sont usagés, intervention humaine, traitement des déchets informatiques, bref tout simplement prendre conscience qu’il y a un impact écologique, et qu’en rien cela est neutre.

3°) En effet, on a tendance à nous dire que la dématérialisation est plus écologique, de notre avis,… selon nous, cela s’étudie au cas par cas et n’est pas systématiquement vrai.

Quand certaines entreprises essaient de vous faire passer l’idée que la dématérialisation de la facture, c’est plus écolo, nous avons envie de dire que cela dépend de beaucoup de critères (taux d’équipement des foyers, taux d’impression/non impression des factures, pays où se trouve, etc …).

Dans certains cas, oui, dans d’autres, ne fait simplement t-on pas transfèrer le coût du distributeur vers le consommateur? Ce que l’on produisait avant avec une certaine économie d’échelle est fait maintenant individuellement par le particulier et ceci de parfois de manière moins eco-efficace (pages ratées, impression en plusieurs fois, etc).

L’avantage certes est que le coût de transport est réduit pratiquement à « néant »… Enfin, cela mériterait nettement plus de réflexion sur le sujet et d’étudier l’impact dans sa globalité (et non pas uniquement sur l’aspect « papier »). Il n’y a point de vérité absolu à ce sujet.

Conclusion: Bref notre point vous l’aurez compris c’est de ne pas tomber dans l’idée absolue qui consiste à dire que: dématérialisation = systématiquement plus écologique. Dans le mot par ailleurs de « dématérialisation », on bien l’effet « moins de matériels » ce qui est une avancée certes (moins de papier, moins d’enveloppes), mais cela peut se répercuter par « plus d’énergie » donc maintenant tout est question d’équilibre entre « énergie » et « matériel ».

Pour savoir où se trouve cet équilibre, il faut avoir une vision globale et non partielle et donc pour cela aller au delà d’une logique individuelle et s’insérer dans une logique collective écologique. .

L’informatique qui était sensé faire dématérialiser les impressions a eu un effet inverse.

Selon Wikipédia, avec le développement des technologies de l’information et de la communication, certains ont pu croire à une réduction drastique, voire à la fin de la consommation de papier[10]. Or, c’est l’inverse qui est constaté : du fait de ces technologies et notamment de la démocratisation des imprimantes et photocopieuses, jamais autant de choses n’ont été imprimées., c’est le fameux effet rebond.

Bref, pensez global, agissez local. Ici c’est pareil, la vision doit être globale, les actions n’en seront que plus pertinentes.

3 réflexions sur « Internet: Touché en direct par le réchauffement climatique… »

  1. Je rejoins tout à fait cette analyse que ce soit sur la fragilité de nos mode de vie (ceci étant, la vie elle même est fragile) et ce constat que la numérisation de toute l’économie, n’est pas LA solution miracle (loin s’en faut).
    Outre les aspects écologiques, il y a également les aspects sociaux qui ne sont pas négligeables.

  2. Bonjour,

    Je viens de mettre en ligne un essai encore non publié, Réinventer le progrès, traitant des réponses à apporter aux crises climatiques, écologiques, énergétiques, économiques et sociales. Tous ces domaines sont en effet liés et cet ouvrage apporte un nouveau regard, avant tout sociologique. Certains points sont aujourd’hui acquis, ce qui n’était pas le cas lorsque j’ai débuté la rédaction en 2005, d’autres sont encore innovants, plus pour longtemps sans doute. C’est là le trait majeur de ce livre : les transformations qu’il propose sont en train de se réaliser, et sans doute plus vite qu’on ne le croit. À lire donc de toute urgence pour être sûr de ne pas rater le train de l’Histoire !

    RÉINVENTER LE PROGRÈS
    Jean Chamel
    http://www.scribd.com/doc/17179036/Climat-fin-du-petrole-etc-fautil-reinventer-le-progres
    (téléchargement gratuit)

    Résumé

    La première partie est un résumé de la situation actuelle en termes d’écologie, de climat et d’énergie. Le constat est simple: la situation actuelle est intenable et aucune solution technologique ne résoudra à elle seule tous nos problèmes (le lecteur averti peut directement débuter à la deuxième partie).

    La deuxième propose une mise en perspective, elle permet de comprendre comment nous en sommes arrivés là, que la révolution industrielle et économique n’est qu’un aspect d’une mutation sociale vers la modernité et que les différentes sociétés suivent toutes à peu près le même cheminement dans ce processus de « développement ».

    La troisième partie constitue le cœur de l’ouvrage. Partant de la pyramide des besoins de Maslow, elle montre la logique de fonctionnement de notre société moderne. L’idée maîtresse est que nous apportons une réponse imbriquée à nos besoins physiques d’existence et à nos besoins sociaux d’appartenance et de reconnaissance. Il en résulte un immense gâchis en termes de ressources, d’énergie et de travail. On en déduit donc qu’il existe une marge de manœuvre considérable: il est possible de vivre aussi bien voire mieux avec beaucoup moins et sans pour autant parler de « retour en arrière ».

    La partie qui suit s’appuie sur le constat formulé pour proposer un aperçu de ce que pourrait être le monde de demain, elle propose des solutions économiques mais tend aussi à montrer que l’économie n’est qu’un regard sur une réalité plus sociale plus complexe. L’idée de croissance économique est aussi remise en question, il est suggéré que cet instrument n’est plus valide pour mesurer le progrès qui se poursuit par d’autres voies, évoquées elles aussi.

    Enfin la dernière partie s’interroge sur la manière de « passer d’un monde à l’autre ». Elle passe en revue les différents acteurs sociaux pour montrer que le changement est de la responsabilité de chacun. Sans évacuer la fonction du politique, des entreprises et des consommateurs, l’accent est finalement mis sur les leaders d’opinion et le médias qui semblent avoir un rôle déclencheur déterminant.

    Bonne lecture !

  3. Nos gouvernants du monde entier construisent patiemment le meilleur des mondes dont ils rêvent pour mieux régner, un monde où Ravage, Soleil Vert et autres Blade Runner deviendront réalité, un monde dans lequel on se tuera pour un bidon d’essence, une poignée de céréales douteuses ou une bouffée d’air frais tout simplement.

    Non seulement les premiers objectifs de limitation des émissions de GES n’ont pas été respectés, non seulement les nouveaux objectifs pour 2050 étaient sans doute insuffisants, mais les pays du G8 et les grands pays émergents n’ont pas trouvé mieux que de renoncer à leurs engagements. Le Sommet de Copenhague n’annonce malheureusement comme un nouveau grand foutage de gueule.

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