Faut-il manger bio? Vidéo de l’émission C dans l’air France 5, la polémique continue…

Faut-il manger bio? Vidéo de l’émission C dans l’air France 5, la polémique continue…

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C’est le retour des vacances! Et cela se sent dans l’actualité car la polémique sur le bio reprend de plus belle. Presse, télé, radio…tout le monde s’y met et rattrape le temps perdu. Ici c’est l’équipe de de C dans l’air qui s’y est attachée. L’émission est passée vendredi dernier (émission du 14 août) sur France 5 avec le titre aguicheur « Faut il manger bio? » La vidéo est en ligne. Vous trouverez à la suite notre point de vue sur cette émission, les points intéressants dégagés, l’effet « retour de vacances » dans les médias et quelques liens intéressants pour pousser la réflexion.

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La vidéo de l’émission

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Introduction de l’émission

Selon une étude britannique, les aliments biologiques n’apporteraient rien de plus au point de vue des nutriments. Une enquête qui élude les effets sur la santé des pesticides et herbicides utilisés par l’agriculture conventionnelle. Le surcoût du bio se justifie-t-il ?

La publication, le 28 juillet 2009, dans l’American Journal of Clinical Nutrition, d’un rapport de la Food Standards Agency (l’Agence britannique des normes alimentaires) basé sur 162 des 90 000 études scientifiques réalisées pendant ces cinquante dernières années révèle que les légumes et fruits cultivés de manière biologique ou pas n’ont pas de différences significatives quant à la qualité nutritionnelle.

Le petit monde de l’agriculture biologique et leurs consommateurs sont sous le choc après cette annonce et les réactions ne sont pas faites attendre. Ainsi, certains reprochent à cette étude de ne pas avoir pris en compte les effets positifs de cette méthode de production sur l’environnement.

De même, si ce rapport confirme les résultats publiés par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments en 2003, cette dernière avait reconnu que « le mode de production biologique, en proscrivant le recours aux produits phytosanitaires de synthèse, élimine les risques associés à ces produits pour la santé humaine et concourt à une moindre pollution environnementale, notamment de la ressource en eau ». Un point de vue qu’appuie le professeur Serge Hercberg de l’INSERM, qui s’inquiète des risques, pour les agriculteurs, à manipuler et inhaler des pesticides.

La parution de cette enquête a lieu alors qu’avec la récession, une baisse notoire – notamment en Grande-Bretagne – a été enregistrée dans les ventes de produits bios

Source: Site de France 5 – Emission C Dans l’air du Vendredi 14/08/09

Notre point de vue sur l’émission: emballement médiatique et points positifs

Ce que l’on constate c’est que personne ne semble avoir lu la méta-étude en question, ni s’être renseigné sur les sources de ces informations. Bref, tout le monde s’est empressé de polémiquer à partir des infos fournies par les agences de presse et les médias français (d’ailleurs, il suffit de consulter la bibliographie de l’émission).

Et c’est là qu’on voit comment la machine médiatique peut s’emballer rapidement sur la base d’une information déformée (voir notre billet). Alors on sourit un peu quand on entend que c’est un complot d’un lobby quelconque (ou alors cela a été vraiment subtile). Et c’est là qu’on voit que chez les médias, il peut y avoir parfois l’effet du « téléphone arabe »: un journaliste qui fait son info à partir d’un info d’un autre journaliste qui a fait son info à partir de celle d’un autre journaliste, etc…

Les points positifs évoqués par l’émission
Cependant, l’émission rebondit sur cette polémique pour faire un point sur le « bio » en France et répondre aux nombreuses interrogations sur le « bio » du grand public: Pourquoi est ce plus cher? Est ce nécessairement plus cher? Peut on nourrir la planète avec du bio? La production du bio en France? etc… Cela permet d’essayer de démêler le vrai du faux et de faire le point sur le bio.

Bref de multiples points de vue se confrontent sur le « bio » en France. Il y a plusieurs points intéressants évoqués dans l’émission. Notamment, les effets structurels des modes de distribution alimentaire/commercialisation en France et l’impact sur l’agriculture en France. Le mode de distribution conditionnerait donc quelque part notre forme d’agriculture (pas uniquement, puisqu’il s’agit aussi d’une volonté gouvernementale enclenchée après la seconde guerre mondiale).

La grande distribution, cause structurelle?
Un des intervenants explique que le bio est plus développé à l’étranger car le commerce de proximité y est plus développé. Selon lui, la grande distribution serait un facteur du développement de l’agriculture intensive (de manière indirecte) ou du non développement du bio.

En effet, la France repose essentiellement et beaucoup sur la grande distribution, ce qui donne d’énormes pouvoirs aux centrales d’achat. Qui veut vendre à la grande distribution doit être capable de fournir en quantité et en prix. Et en conséquence, cela pousse à développer une offre de plus en plus industrielle et industrialisée: économies d’échelles, réduction de coût, plus de machines, moins d’humains… En terme d’agriculture, c’est donc plutôt l’agriculture intensive qui est priviligié.

Cela cantonne donc les productions de niches comme le bio à des canaux de distribution comme les marchés, les ventes directes, les AMAPS, etc…

Economie centralisée vs économie décentralisée? alors commerces de proximité vs grandes distributions, bazaar vs grands magasins… en France, on a clairement fait le choix. Et que même notre gouvernement favorise l’implémentation du discount et nous y incite à acheter là en temps de crise.

L’agriculture intensive: économiquement mort avec le pétrole
L’autre point intéressant, c’est qu’en effet, l’agriculture intensive requiert beaucoup de pétrole. Avec sa raréfaction et son coût grandissant, manger et se nourrir « conventionnel » coutera de plus en plus cher à terme, et pourquoi pas rattrapera la différence structurelle de prix entre le prix du bio et du non bio.

Une polémique ravivée au retour des vacances
Certains journalistes ont dû découvrir dans leurs boites aux lettres le sujet de l’été… De ce fait, la polémique est ravivée … nouveaux articles à l’appui: « Les pro et les anti-bio repartent à l’offensive » sur Europe 1, Le Bio Top ou pas? sur L’express… Bref de ce que l’on voit, on a vraiment l’impression que les médias essayent de créer la polémique là où il n’y en a pas. Personne ne semble donc s’être aperçu que cela a pour origine des depêches d’actualités qui ont été complètement déformés.

Est-ce que cela a vraiment du sens de comparer le bio avec le non bio?
Finalement, la vraie question, c’est est ce que cela a vraiment du sens de comparer le bio et le non bio. Comme souvent, en terme de comparaison de produits, on fait souvent le « myope » en ne s’attardant que sur le prix et ici l’aspect nutritionnel. Le « Bio » s’inscrit avant tout dans une démarche de consommaction et de modes de vie écologiques et durables.

On vous conseille pour la route cet article « Alimentation: comparer le «bio» et le «non bio» n’a pas de sens » sur Slate.fr (traduit de l’anglais) 11/08/2009.

David & Anne-Sophie

Autre lien: Les produits bios ne sont pas plus sains, quand Reuters déforme les propos.

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