Les produits bios ne sont pas plus sains? Quand Reuters déforme les propos!

Les produits bios ne sont pas plus sains? Quand Reuters déforme les propos!

organic
Source: Reuters

Une information Reuters vient de tomber au 29/07/2009 et est repris sur l’ensemble des sites d’informations de la planète: « Les produits bio ne sont pas plus sains, selon une étude » de l’American Journal of Clinical Nutrition. (Merci à Arnaud G. pour l’info)

Ah, bon??… curieux nous allons voir l’article et décidons d’aller plus loin et de retrouver les sources concernant cet article. Et là, nous nous rendons compte que les propos ont été complètement déformés.

Le vrai titre aurait dû être « Sur le plan nutrionnel, les produits bios pas spécialement meilleures que les produits conventionnels », « Pas plus d’apports nutritionnels dans le bio que dans le conventionnel »… (ou quelque chose de ce genre là).

Cela fait toute la différence, l’étude porte sur l’aspect nutritionnel: apports vitaminiques, en fer, en minéraux, etc.. (donc une vue court terme). Cela exclut d’office les pesticides et les effets à long terme de la digestion et la bio-accumulation des pesticides dans le corps (et bien sûr aussi les effets sur la santé des agriculteurs, l’impact sur les éco-systèmes et le vivant,etc).. L’étude porte uniquement sur l’aspect nutritif et non pas de l’impact des pesticides dans l’alimentation. Et là, il y a confusion!

L’étude reste intéressante, mais de tirer d’un point de vue partiel une généralité, il n’y a qu’un pas… que certains ont franchi. On tombe donc dans le préjugé, l’opinion (non fondée), la rumeur…

Le tort est fait, ceux qui n’iront pas plus loin dans la lecture de cette depêche en concluront que « le bio », c’est de l’escroquerie ou que c’est un surcoût inutile… On voit déja de nombreuses réactions sur les forums/commentaires de ces articles.

Retour sur une grosse bourde de Reuters. Combien de médias vont s’empresser d’aller diffuser cette information? Info « low-cost », qui cherche à attirer l’audimat? Total irresponsabilité? ou métier de journaliste sous pression? titre racoleur?

L’article en question, on le trouve là sur l’Express, Le Monde , Le Point , Le Figaro, Libération, etc… bref tous les sites qui se fournissent en infos auprès de Reuters.

Heureusement, il y a un minimum de traçabilité (pas comme certains sites dont on ne peut vérifier l’information). La depêche a été pondu par Ben Hirschler et la traduction française faite par Nicole Dupont.

Erreur de traduction?

Première hypothèse, erreur de traduction? C’est possible… mais en allant directement sur le site de Reuters, on retrouve l’article en anglais « Organic food is no healthier, study finds », donc la traduction n’a rien à voir. Par contre, il est indiqué sur l’article « Reporting by Ben Hirschler; editing by Simon Jessop, indiquant que le contenu a été édité par Simon Jessop.

Editeur à l’orgine de la déformation?

Serait-il à l’origine de ce raccourci? L’article de la BBC malgré un titre similaire, cependant relativise ces études en expliquant qu’on ne connait pas les effets des pesticides à long terme, que cela ne signifie pas qu’il faut pas consommer « bio » et qu’on ne peut conclure définitivement à quoi que ce soit, sans faire plus d’études et avec plus de recul. Quelques rares médias n’utilisent pourtant pas le même titre, ce qui prouve qu’il y a quand même des journalistes qui font un minimum leur travail et ne reprenne pas bêtement une information sur leur site.

Un article avec un réel apport journalistique
Bref, sur Science Daily, le titre est plus approprié et l’article plus détaillé puisqu’on pouvait lire « Organic Food Not Nutritionally Better Than Conventionally-produced Food, Review Of Literature Shows« , littéralement « l’alimentation bio, sur le plan nutritionnel, n’est pas spécialement meilleure que l’alimentation produite de manière conventionnel, montrent des études »

Le communiqué de presse d’origine
Enfin, on tombe sur le communiqué de presse du London School of Hygiene & Tropical Medicine (29/07/2009)qui confirme bien nos propos. L’information a été complètement déformée passant de « sur le plan nutritionnel, le bio pas spécialement mieux que le conventionnel » à … » le bio pas meilleure pour la santé » (version reuters). D’ailleurs la conclusion exacte est:

« On the basis of a systematic review of studies of satisfactory quality, there is no evidence of a difference in nutrient quality between organically and conventionally produced foodstuffs. The small differences in nutrient content detected are biologically plausible and mostly relate to differences in production methods. »

Bref, voilà comment de manière irresponsable, une information est complètement déformée… D’ailleurs, certains donnent le ton en réaction: « La très couteuse alimentation biologique, pas meilleure pour la santé »: costly organic food no healthier than your basics.

Il est où le travail journalistique là? La valeur ajoutée du journaliste? … Voilà, qui ne renforce pas la confiance envers les médias. Comment désinformer le grand public et lancer des rumeurs. Au vu des réactions sur certains forums, le mal est déja fait.

Bon, on notera +1 pour la Depêche qui a intitulé son article: « Les produits ne seraient pas plus nutritifs que les autres selon une étude » (on note au conditionnel, et la notion de l’aspect nutritif et non pas de santé), +1 pour pour la Presse Canadienne qui a intitulé: Les produits biologiques n’ont pas plus de valeur nutritive, selon une étude , même 20 minutes Suisse a réussi un titre plus pertinent: « Les produits bio sans avantages nutritionnels ». Pourtant le contenu est quasi identique. Seul le titre change.

Le titre choisi est donc bien un titre qui fait une extrême simplification, un faux raccourci, totalement racoleur, avec ses effets pervers.

Pour plus d’informations,
– L’article sur Reuters en Anglais « Organic Food is no healthier, study says » (29/07/2009)

L’article sur Science Daily (30/07/2009) Organic Food Not Nutritionally Better Than Conventionally-produced Food, Review Of Literature Shows

Le communiqué de presse d’origine: La fameuse « étude anglaise » Organic food not nutritionally better than conventionally produced food (29/07/2009)

– L’article scientifique d’origine: Nutritional quality of organic foods: a systematic review de l’American Journal of Clinical Nutrition (29/07/09) qui conclut son article par « On the basis of a systematic review of studies of satisfactory quality, there is no evidence of a difference in nutrient quality between organically and conventionally produced foodstuffs. The small differences in nutrient content detected are biologically plausible and mostly relate to differences in production methods. »

[EDIT: l’AFP suit Reuters sur ce coup là, plus d’infos ici]

Si vous avez trouvé cet article intéressant, relayez le auprès de vos réseaux (Facebook, Twitter, par email, blog). Arrêtons cette désinformation.

25 réflexions sur « Les produits bios ne sont pas plus sains? Quand Reuters déforme les propos! »

  1. Merci pour cet article qui remet les pendules à l’heure devant cette « recherche » qui n’en est pas une, et sa conclusion totalement déformée dans les médias anglo-saxons comme français.

    Par contre, on aimerait que les ponctuations doubles soient mieux respectées, cela rend la lecture de l’article difficile.

  2. J’ai été outré par le titre et le contenu de cet article. C’est juste de la diffamation contre le bio et une dé(sin)formation complète des travaux publiés. Ils vont même jusqu’à parler du prix (plus cher, évidemment) des produits bio, dans un article sur un prétendu apport nutritif. On croit rêver !

    Je ne comprend pas la logique d’information derrière ce torchon. Si « le lobby agroalimentaire » veut nous parler, qu’il le fasse à visage découvert !

  3. Ce matin quand j’ai entendu à la radio ce titre raccoleur, j’ai fait un bon dans mon lit. D’autant plus que rien n’est expliqué derrière juste « selon une étude Anglaise, les produits bio ne sont pas plus sains ».
    Je viens de finir de bosser, j’étais prête à partir à la chasse à l’infos et je suis tombée sur ton article. C’est très bien d’avoir les tenants et les aboutissants. Quand aux journalistes no comment !

  4. Il faut « vivre bio » le plus possible, pour lutter contre ces lobbies stupides qui veulent uniquement du fric et et la mort de nos enfants. Dans nature, il y a naturel. Bravo à tous ceux qui lutteront toujours pour la vie.

  5. Bravo et merci pour ce bel article ! Trés rassurant aussi de voir que tant de lecteurs ont réagi devant la vilaine manip de certains « journalistes ».

    Dommage pour ceux qui n’auront plus l’envie d’essayer de manger sainement, juste pour voir !

    Certes le Bio est encore un peu onéreux mais quid du coût humain de la malbouffe ?

    Comme dit le proverbe: « On creuse sa tombe avec les dents! »

  6. Merci, Tout allant vert, pour cet article. Je l’ai découvert en lisant votre message sur express.fr

    En réaction à Savants Américains Point Com.
    Qu’est-ce que c’est là encore que cette conclusion bidon ? : les moyens de transport verts ne sont pas plus rapides et pas moins chers. Qui a affirmé le contraire ? Alors, à tous ceux qui pensaient jusque-là qu’utiliser son vélo ou le bus était plus rapide : revenez vite à l’usage de votre voiture individuelle, on vous a menti !

    L’article indiqué par le lien vaut le détour pour son imbicilité (des arguments de taille. Un ex. : le choix des couleurs des voitures vertes ne convainc pas les consommateurs. Sans commentaire…) et je remarque que là aussi on cite 162 études comme dans le cas du « bio pas si sain ». Étrange, non ?

  7. Excellente initiative que cet article.

    Effectivement, le conformisme et le suivisme des « rédacteurs » de presse (papier ou internet), et la pression pour des titres brefs, des concepts qui accrochent, sont un danger majeur pour la possibilité des citoyens de comprendre le monde.

    Mais aussi, en amont de ce type de traitement, disons « succinct », par les médias, sont aussi évoquées les auto-limitations de nombre d’études scientifiques, comme ici où la présence ou pas des pesticides n’est tout simplement pas étudiée…

    Je ferais volontiers le rapprochement avec un épisode plus ancien, où une « étude » de l’académie de médecine cherchait à démontrer que les causes principales du cancer sont, de très loin, les conduites à risque des français (tabac et alcool). Pour les polluants, l’incidence serait négigeable…
    (voir sur mon blog : http://toupidek.typepad.fr/a_propos/2007/09/un-rapport-scie.html )

    Bien amicalement,

  8. Merci pour cet éclairage sur un sujet qui me semble d’interet public ( environnement, santé de la planète ) et qui n’aurait jamais du être déformé comme il l’a été par certaines presses, dans un souci de vendre plus de journaux. C’est scandaleux.

  9. A noter l’article de Maxisciences qui annonce bien la bonne info et rappelle la présence de pesticides et donne l’avis du CDD.
    http://www.maxisciences.com/alimentation/les-benefices-des-produits-bio-sur-la-sante-remis-en-question_art3127.html
    Je cite :
    « L’unique réelle différence résiderait dans l’utilisation de pesticides et de fertilisants qui modifie l’acidité des produits. »

    « Suite à la publication de cette étude, la Commission du développement durable insiste sur l’impact positif de l’agriculture biologique sur l’environnement et déplore qu’il n’ait pas été pris en compte dans le travail des chercheurs. « L’agriculture bio est une approche intégrée, qui préserve les sols, encourage la biodiversité, élimine les émissions de gaz à effet de serre, maintient la diversité génétique et assure plus de revenus à l’agriculteur » a ainsi rappelé Andrew Lee dans une lettre publiée par le Guardian. »

  10. Voici quelques interprétations bien visibles dans les titres :
    « Une étude britannique remet en cause les avantages de l’alimentation bio »

    « Manger « bio » n’aurait aucun intérêt pour la santé »

    « La valeur du bio mise en cause »

    « Les aliments bio pas plus sains que d’autres »

    « Les bienfaits de l’alimentation bio remis en question »

    Des erreurs monumentales pour tout bon journaliste

  11. Sacrée étude en effet ! ne parlant pas de pesticides ! et financée par qui ?
    Je reste avec le bio, dans la mesure des moyens : en effet, Maxi a raison : + d’antioxydants, de polyphénols ; de plus, ils ne sont pas irradiés. Que du bénéfice !
    Il est maintenant bien prouvé que le bio respecte le vivant, la terre, l’eau, etc….
    Et si le mot « bio » (qui signifie vie) dérange, disons donc l’alimentation PROPRE.

  12. avec toute cette polémique, nous oublions la conclusion évidente de l’article : Si sur le plan nutrionnel, les produits conventionnels ne sont pas spécialement meilleures que les produits bios, pourquoi utilise-t-on encore des pesticides et autres engrais chimiques ?
    A bon entendeur

  13. Extrait de la Lettre du MDRGF du 05/08/2009 :
    Le MDRGF prouve qu’un examen des 162 études scientifiques publiées au cours des 50 dernières années citées par les auteurs de l’étude publiée dans l’AJCN fait en réalité apparaître des différences significatives favorables aux aliments bios pour 6 catégories de nutriments importants !

    Une étude tronquée. L’étude publiée dans l’AJCN n’a pas donné ces informations. Elles sont pourtant contenues dans le rapport de 209 pages réalisé par les auteurs de l’étude pour la Food Standards Agency(2), en plus de l’étude elle-même.

    Des avantages pour la bio. Ce rapport (page 17/20) montre un avantage concernant de nombreux nutriments pour les produits bios dans les 162 études publiées dans les revues scientifiques retenues. Les végétaux bios contiennent ainsi en moyenne plus de magnésium, de zinc, de composés phénoliques, de flavonoïdes, de sucres et de matière sèche que les cultures intensives, qui contiennent, elles, plus d’azote. De même les produits animaux bios contiennent plus de certains acides gras que leurs homologues non bios, contrairement à ce qui a été publié partout.

    Pourquoi une telle différence entre les données contenues dans les études scientifiques analysées et ce qui a été communiqué ? Les conclusions de l’étude publiée dans l’AJCN qui restreignent l’avantage pour les cultures bio aux seuls phosphore et acidité sont basées sur une analyse de 55 études seulement, choisies parmi les 162. Les auteurs ont en effet choisi d’appliquer des critères supplémentaires de sélection des études qui ont eu pour effet de faire disparaître…les 2/3 des études publiées dans des revues scientifiques sérieuses sur le sujet !
    Report for the FSA, july 2009 http://www.food.gov.uk/multimedia/pdfs/organicreviewappendices.pdf

  14. Bravo pour cet article, qui ne sera surement pas repris par les grands médias nationaux…

    Personnellement je pense que ce genre d’information déformée ne va pas tarder à devenir fréquente. Les enjeux commerciaux sont immenses. Ceux qui ont des intérêts dans le système tel qu’il est aujourd’hui (produits phytosanitaires, transports, supermarchés) ne vont rien lâcher et feront tout pour éviter qu’on se passe de leurs services. Ca commence par de la désinformation, pas très fine d’ailleurs.

    Dernier en date: « le mythe de la consommation locale »: http://www.forbes.com/forbes/2009/0803/opinions-energy-locavores-on-my-mind.html
    Cet article nous explique comment une etude de Nouvelle Zélande (financée par le gouvernement) montre que d’un point de vue énergétique il vaut mieux, pour un habitant de Londres, consommer du mouton de Nouvelle Zélande que du mouton produit à coté de Londres… car malgré le transport l’énergie consommée sera moindre et les gaz relachés dans l’atmosphere egalement.

    Meme si on admet que l’étude est honnête et à été vérifié par d’autres scientifiques, prendre l’exemple du mouton pour dire que consommer « lointain » c’est mieux que consommer local, c’est un peu gros comme généralisation non? C’est vrai pour le mouton, mais pour le yaourt?

    Il va donc falloir avoir l’oeil affuté pour démasquer ces informations malhonnêtes.

    On entend de plus en plus (en tout cas c’est le cas dans mon entourage), les arguments comme « Oui mais le bio on n’est jamais sûr que c’est vraiment bio ». Il me semble qu’un episode de Capital sur M6 montrant un agriculteur (pomme de terre) égyptien engueulant l’ouvrier qui a montré le local ou est stocké le sulfate de cuivre est passé par là. C’est typiquement le genre de chose qui introduit le doute, et le doute c’est le meilleur moyen d’empêcher les gens de voir clair.

    A ce sujet, le wiki Eco-reponse a été créé pour répondre à ce genre d’activités de désinformation. Il en est a ses débuts et cherche des participants motivés pour creuser un peu sous l’information superficielle et faire la part de ce qui est fondé et ce qui ne l’est pas et relève du mensonge. Un exemple: . En espérant vous viendrez vous aussi y participer et nous aider à faire le tri entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.

  15. L’intérêt des produits bio est écologiques (ne pas épuiser les sols, respect des animaux) autant que nutritionnel.
    J’aimerais bien savoir si cette étude prend en compte les éléments subtils que sont les enzymes et les micro-nutriments qui sont essentiels pour la santé et absent des aliments de l’agriculture intensive (oligo-éleméments rares etc)
    D’autre part un produit sans pesticides permet de manger la peau des fruits et légumes et autorise des types de cuisson-santé qui sont déconseillées avec des produits traités : cuisson sans eau, à l’étouffé etc qui préservent les vitamines et changent complètement l’apport nutritionnel en fin de cuisson !

  16. The greatest gifts in life are not purchased, but acquired through hard work and determination. Find the star that twinkles in your heart?for you alone are capable of making your brightest dreams come true. Give your hopes everything you’ve got and you will catch the star that holds your destiny.

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